Euripide : Ion


D’Hésiode, et de la tradition subséquente, nous connaissons le mythe et sa généalogie originale :

 
Les deux fils de Xouthos ainsi que ses deux frères sont les éponymes dont l’origine devait refléter, dans une singularité de genre, les peuples dorien, éolien, ionien et achéen.
Ce mythe devait se frotter à l’histoire, en l’occurrence à l’Athènes du cinquième siècle qui le transporta selon sa propre focale. Aussi Euripide sera un des principaux ouvriers — probablement avec Sophocle, puis Platon et Aristote — de ce déplacement.


Notre drame est celui qui fait de Xouthos le simple père putatif d’Ion, et d’Apollon le vrai père : le sang d’Athènes sera ainsi préservé d’un Xouthos étranger, sa mère étant seule athénienne. Mais encore, Sparte (Doros) sera elle mêlée, tout en ayant pour ascendance maternelle l’athénienne. Ainsi Athènes prétend, au croisement du mythe et de l’histoire, au Péloponnèse et à son empire ionien.


I. Ion fils de Xouthos


Des œuvres d’Apollon Créuse enfanta Ion, dans un antre de l’Acropole, et l’abandonna, certaine que son père alla s’en charger. Celui-ci envoya Hermès le porter à Delphes, où la Pythie l’éleva en secret. Devenu l’esclave du dieu, là-bas il vit et œuvre dans l’innocence que lui confère sa place et le sanctuaire. On l’apprend de la bouche de la mère, feintant que son énoncé est pour une autre (338-400), mais on pressent que l’autre partie au dialogue, Ion, est son fils (en particulier au vers 354), et que le drame ne résorbe pas l’ambiguïté de deux pères :


 Et après que Xouthos, heureux de l’oracle lui découvrant un fils, déclare son lien à celui-ci,


 Créuse était venue pour un oracle, tout comme Xouthos qui demandera si son union demeurera sans fruit. En sortant, rempli de joie, c’est Ion son fils ; il le lui explique (517-562). Xouthos lui dit de préparer un festin, puis de l’accompagner à Athènes. Mais la mère n’est pas Créuse.

Devenue marâtre, au sommet de sa douleur puisqu’elle s’y retrouve seule avec pour contraste la joie du mari, l’intrigue se diapre d’une péripétie supplémentaire : un vieillard va la convaincre d’assassiner Ion, concluant par là aussi le grief qu’elle tient contre Apollon.


II. Ion fils de Créuse et d’Apollon


La trame échoue, Créuse est découverte (1106-1128) et se réfugie à l’inviolable sanctuaire. Maintenant Ion veut tuer Créuse, qu’il ne sait pas être sa mère.

C’est la Pythie, en premier Deus ex machina, qui arrête la main vengeresse du fils, et vient portant la corbeille du nouveau-né ; Créuse bientôt s’écrie en la voyant, et voit son fils. Mais Ion ne la croit pas, et il faudra davantage qu’un jeu de devinettes, consistant à faire dire à la mère les objets que contient la corbeille natale, Athéna même, pour le convaincre de son bonheur qui, malgré la connaissance de ses pères, est offert par sa mère retrouvée.

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